Sur les réseaux sociaux :
Clairement, les réseaux sociaux de type Instagram ne reflètent pas la réalité. Chacun crée, expose son art ou son artisanat, affiche sourires et musiques et effets … Instagram est une vitrine du « je vais bien tout va bien ». Sans oublier les gros mensonges en papier doré… Donc difficile de se faire un avis.

Toutefois, il y a des signes. La multiplication par exemple des coachs d’entreprise, d’auto-entreprenariat que ce soit dans le monde de l’art ou autre. La multiplication des offres de résidences d’artistes où on vend aux artistes des séjours soit disant tous frais payés, mais après avoir versé une certaine somme (!), dans des endroits inspirants dans le but de booster sa créativité et de la faire passer au level supérieur, avec parfois la promesse (jamais vérifiée) d’opportunités comme une expo… etc.
La multiplication des appels à candidature (call for artists ou call for art) de la part de galeries fixes ou temporaires, souvent qualifiées « d’internationales » où on promet que, moyennant le versement d’une somme correcte, entre 40 et 80 euros ou dollars selon les offres, pour l’inscription et l’étude des dossiers, on a une chance de participer à la sélection… oui parce que soit on participe à une présélection ( donc on peut être refusé même si on a payé), soit on va participer c’est sûr mais on paie alors une inscription plus conséquente de 3 chiffres la plupart du temps, frais d’installation et de retrait des oeuvres ainsi que l’hébergement éventuel à nos frais.
Le même type d’offre se multiplie aussi pour avoir un encart ou un article sur notre art dans un magazine « reconnu » soit disant par les collectionneurs et les professionnels.
Je ne porte aucun jugement sur ceux qui participent à ces offres, et d’ailleurs j’ai tenté l’aventure de temps en temps : je ne jette aucune pierre !
Mais ce sont autant de signes que quelque chose cloche… Pourquoi toutes ces offres commerciales, car il faut appeler un chat un chat, se multiplient ? Le but est lucratif, sans que ce soit un gros mot. Le but pour ces organismes commerciaux est de faire de l’argent en vendant des produits aux artistes : ces produits pouvant être des opportunités, des probabilités de chances, des places pour exposer, des espaces de visibilité soit disant privilégiés…
Je mets dans le même « lot » l’ouverture de nombreuses plateformes en ligne proposant de vendre votre art moyennant une com et/ou un abonnement. Leur objectif étant de jouer sur la masse d’inscrits actifs et donc rémunérateurs, avec le sponsoring publicitaire, plus que sur la réelle visibilité par des acheteurs.
Si ces entreprises commerciales offrent ces produits c’est qu’il y a une demande. Et s’il y a une demande de ÇA, c’est que les créatifs ont des difficultés à exposer, à être vus et tout simplement à vendre.

Donc même si Instagram est le monde des Bisounours, il y a des indices qui montrent que le vernis s’écaille.
Sur Youtube :
On a des messages bien plus clairs sur Youtube que sur Instagram.
Personnellement, je ne m’épanche pas sur Youtube, déjà parce que je suis à temps plein dans l’art depuis peu (j’ai été pendant une décennie à mi-temps avec un travail plus « alimentaire » dans l’enseignement), donc je ne vais pas déjà trouver du négatif à ma vie car sinon je serais bien peu combattante !
Mais certains, artistes, illustrateurs, graphistes à plein temps depuis longtemps, s’expriment et parlent dans leurs vidéos de leurs angoisses et questionnements. Et ça se multiplie.
Une bonne dizaine que je suis sont, ou ont connu, une phase de dépression. Parfois associée directement à la baisse d’activité et de retours sur leur travail, parfois la raison n’est pas clairement exprimée mais les effets le sont : baisse de motivation, ras-le-bol, envie de changer d’air ou plus…
D’autres deviennent eux-mêmes des coachs d’auto-entreprenariat et arrêtent ou limitent leur activité purement créative ! Rappelez-vous ce que j’ai dit en première partie : une entreprise analyse et répond à un besoin. Aucune critique ici, c’est juste un fait observable. Je regarde d’ailleurs parfois ces vidéos, elles peuvent être intéressantes pour des idées d’organisation.
Beaucoup parlent de changer leurs styles, se demandent devant la caméra ce qui plaît aujourd’hui…
Enfin, il y a ceux qui affirment haut et fort qu’ils sont plus forts que les réseaux sociaux et qu’ils vont faire sans eux ! Franchement… Si tout allait bien, on ne taperait pas autant sur les méchants réseaux sociaux dont l’algorithme est accusé de tous les maux. Ce qui est vrai ! Mais l’algorithme des réseaux sociaux est créé ainsi PARCE QU’IL répond à l’analyse de ce que veulent voir les gens qui s’y trouvent.
Alors pourquoi ça ne va, soit disant, pas bien ?
Cette fois-ci ce ne sont que mes réflexions et n’engagent que moi, et je vais rester en France pour mon analyse. Je vois plusieurs raisons qui peuvent expliquer cette baisse de considération et/ou de régime de la création artistique.
Déjà, le nombre de gens qui « créent » augmente.

Je ne parlerai pas ici de la question des artistes qui sont ou ne sont pas professionnalisés, aucun jugement et de toute façon ça n’aura pas d’impact dans ce que je vais dire. Simplement le nombre d’artistes (ou enregistrés comme tels) est croissant. Il y a de plus en plus de créatifs et les cours artistiques en ligne qui également se multiplient sur les réseaux sociaux en sont les signes, et la cause, en partie.
Il y a un grand nombre d’artistes abstraits, de pouring, … (J’oublie des techniques, ne m’en voulez pas). Ils s’expriment par ce biais et peuvent le faire avec rapidité et foisonnement.
Ceux qui sont dans le figuratif privilégient aussi beaucoup la spontanéité et dépassent aujourd’hui rarement les 10 heures sur une création. Je ne juge pas cela (l’art ne dépend pas toujours du temps passé dessus), je veux donc uniquement souligner que la production est assez importante.
Ceci pour dire qu’il y a tout simplement de la « concurrence » (même si tous ne vendent pas leurs créations). Et plus il y a de « concurrence » dans les moteurs de recherche ou les bots des réseaux, plus il est difficile d’être vu.
L’envie de faire soi-même : la remise en cause du savoir-faire de l’artiste.
La COVID et l’enfermement ont poussé la population à s’occuper. Les cours artistiques en ligne ont eu le vent en poupe et ont encouragé beaucoup de néophytes à faire le pas du « je le dessine moi-même », « je le peins moi-même et j’en suis fier ». Et quand on est fier, on préfère la création à celle qu’on a pas créée.
Donc une bonne partie des potentiels acheteurs est devenue active dans la création. Les artistes ou illustrateurs pros deviennent alors des sources d’inspiration, de copie parfois, via leurs vitrines sur les réseaux sociaux, mais beaucoup moins des sources de dépense. Tant pis si ce n’est plus parfait, si c’est de l’à peu près, l’important c’est qu’on l’a fait soi-même et que c’est regardable voire même joli. Et souvent ça l’est ! Car on fait avec la technique qu’on maîtrise le plus. Un beau tableau à l’huile peut servir d’inspiration à un joli dessin aux crayons de couleurs dont la personne sera fière.
La crise : le budget pour l’art passe au 10eme plan.
L’augmentation des coûts de la vie fait que les ménages privilégient les dépenses utiles. Des vacances, c’est utile : car on s’y ressource, on prend des photos, on les partage,… sur les réseaux et du coup c’est valorisant ! Les jeux vidéos aussi : car on y est actif et on a l’impression qu’ils sont ainsi utiles et les choses qu’on y fait dessus changent, évoluent… Les habits : parce que c’est utile et puis parce que c’est un moyen de se valoriser en extérieur, en société et sur les réseaux sociaux.
Mais même pour les thèmes qui ont encore de l’intérêt pour les acheteurs, le budget est revu à la baisse, quitte à l’envisager de manière irréaliste. Si quelque chose coûte 100 euros, on le veut à 50, s’il est à 50 on le veut à 20, s’il est à 20 on le veut à 10, s’il est à 10 on le cherche à moins de 5 euros… C’est devenu le sport favori et ne rougissez pas, c’est ainsi et j’en suis aussi !
Et les professionnels de l’art, on peut compter sur eux ?
Galeries et autres assurent leurs arrières et cherchent également le revenu fixe et/ou assuré… Il va falloir compter surtout sur soi-même… à moins d’être très connu déjà et d’avoir sacrément de la bouteille.
Alors, c’est si noir que ça ?!

L’époque est difficile. Les oreilles n’ont plus le goût pour la grande musique, ni les yeux pour l’art compliqué… On est dans l’Easy, le facile et joli. L’easy listening, comme un cocon, le Lofi pour ceux qui connaissent (et j’en consomme beaucoup moi-même).
Mais rien n’est fixe. Les époques, ça va, ça vient, ça stagne aussi parfois, c’est vrai… mais qui peut dire de quoi demain sera fait ?
On peut voir le verre à moitié vide mais alors autant retourner directement dans sa coquille ! La vie, ça demande du courage, non ? Sinon, ce n’est pas la peine de tenter l’aventure !
Ne resteront que ceux qui se seront accrochés. On vit dans son époque et avec son époque. Il ne faut pas en faire son ennemie. Cela ne sert à rien, ce serait comme se battre contre des moulins à vent. C’est mauvais pour le physique et pour le mental… et encore plus mauvais pour la créativité.
Autant vivre avec son époque et voir ce qui peut plaire aujourd’hui et donner à nouveau l’envie à la population de s’intéresser à l’expression artistique.
Il faut faire des compromis. Des compromis acceptables, évidemment. Mais c’est un fait. Le travail consiste à trouver ces compromis.
Et là, c’est un travail PERSONNEL de recherches et de réflexions, d’essais… Il n’existe pas, je crois, de recette à partager. Il faut accepter d’essayer des choses qui ne marcheront pas. Je l’ai fait l’an passé et au final j’ai un regard bienveillant sur cela car mon travail techniquement n’a pas démérité et j’en ai retenu des leçons qui m’ont faite avancer, ce qui est quand même quelque chose !
Ce qui est sûr, c’est qu’il faut arrêter de regarder chez les voisins, proches ou éloignés. Jamais les pays n’ont été si peu ouverts aujourd’hui ! La situation de l’art aux USA n’a rien à voir avec celle en France ou en Allemagne ou en Suisse ou au Japon ou en Australie… On vit où on vit et il faut faire avec. L’époque n’est pas non plus tellement propice aux échanges internationaux. Les pays ont leurs artistes d’origine et l’importation d’une créativité étrangère n’est plus tellement dans l’air du temps… D’autant que les frais postaux devenus exorbitants, pour revenir à des considérations plus matérielles, gênent radicalement ces projets d’expos ou de ventes lointaines !
EN CONCLUSION, je refuse de voir tout en noir. Il y a de nouvelles règles, temporaires (car tout finit toujours par changer), désagréables peut-être… Le travail va consister à observer, analyser et comprendre. Je suis dans cette étape là, moi aussi. Et il faut faire le tout sans s’oublier (il ne faut pas créer quelque chose qui vous déplaît juste parce que vous connaissez quelqu’un qui vend bien ceci ou cela). Donc COMPROMIS : combiner ce que vous aimez faire avec ce qui peut intéresser les gens. Sur ce, je retourne faire des essais…

Les dernières vidéos sur YouTube :
Depuis le dernier article sauf erreur de ma part, il doit y avoir 2 nouveaux artvlogs sortis. Venez avec moi dessiner, créer, en compagnie de Narco le chat !
Ça se passe ici : https://youtube.com/@martycrouz5974
Les recommandations :
Comme cet article était très branché entreprenariat et situation, je vous recommande la chaîne Youtube de Aurore Bay pour pas mal de renseignements sur ce point (elle a aussi un compte Instagram actif sur cette question).